Samhain ~ Ralentir, laisser aller et entrer en soi…

Tous les 31 octobre, Samhain, nous amène à voyager le nord-ouest de la roue…ce chemin le moins fréquenté, où tu rencontreras la porte de l’obscurité. Pour certaine tradition, on marque ici le début de l’année, celle qui commence par l’intérieur…car l’avons-nous oublié, tout début germe d’abord dans la noirceur…au coeur de la caverne de tous les possibles, des rêves et de la création à venir. On célébrait Samhain trois jours avant et trois jours après, donc le temps d’une semaine complète, cela nous dit combien ce moment était important. En Irlande, on pratiquait un rituel où l’on éteignait tous les feux sur le territoire…pour qu’ensuite, les druides allument les feux de paix qui allait alimenter tous les foyers pour l’année à venir. D’anciens peuples avaient bien saisi toute la valeur de cette obscurité. Peut-être est-il à nouveau le temps pour nous de l’apprivoiser au lieu de l’épouvanter…?

Nos jours ensoleillés raccourcissent définitivement…ceux qui y sont sensibles le sentent bien….l’ajustement à la luminosité plus faible est en cours. La fourmi te demandera alors si tu as fait tes provisions de millepertuis mon amie! L’air est frais et les odeurs de feuilles mortes remplissent mes narines humides…j’ai envie de me remplir les poumons de ces parfums réconfortants qui me rappellent les fous rires de mon enfance qui saute en joie dans le tas de feuilles moites. Hummmmmm ….les salamandres ralentissent et trouvent refuge, alors je fais attention de ne pas tourner trop de pierres (juste celles qu’il faut afin de bien soigner) pour les laisser s’endormir elles aussi…Les jours où il fait chaud, j’en profite pour fermer mon jardin et cueillir mon thym. Pendant que plusieurs de mes compagnons aillés quittent les uns après les autres, je me prépare aussi à rentrer à la maison…À l’an prochain chant du huard…merci pour tes mélodies nocturnes qui nourrissent tant mon coeur d’été ! L’automne est bien arrivé, il n’y a plus de doute…le voile s’affine de plus en plus pour celle qui voyage entre les mondes…

Ma belle forêt se transforme… et j’y vois de plus en plus loin, de plus en plus creux. Les flamboyantes sont maintenant presque toutes oranges brulées…du moins pour ce qu’il en reste. Cette année, je me sens comme cet arbre que je rencontre à tous les matins…l’heure est venue de laisser aller ce qui fut. La brise pure et fraiche porte les feuilles une à une jusqu’au sol. En révérence, je me balade accueillante à travers elles….je me sent, moi aussi, en saison de dépouillement.

Comme mon ami, je laisse chacune de mes chères feuilles d’été me quitter doucement, sans tambour ni trompette…car ces passages se font dans le silence…et la solitude. Passage intérieur où ce qui a été, coule à nouveau retrouver le sol, rejoindre l’humide de la mère pour éventuellement se composter, se transformer…mais pas tout de suite. Accueille maintenant le vide. Et même si ça sent la mort…ce moment du cycle de la vie que l’on tente de nier en nos sociétés modernes…je reste, Présence. Totalement. C’est en mon tronc droit, fort, solide…et profondément ancré que je me réfugierai, en mes os que je me retrouverai. Entière. C’est en sachant que le printemps reviendra toujours….que je me dénude, que je marche cette route sombre en confiance ~~~~* Pour la énième fois….Merci bel ami du règne des géants qui se tiennent debout, pour ta grande sagesse…  »Je me laisserai changer par les saisons » comme le chante si bien Ayla.

Je te murmure donc cette petite poésie de deuil qui s’est faufilé entre mes doigts et le clavier l’autre jour…ou peut-être il y a 17 ans…les histoires changent, mais le deuil humain reste universel…le mien, le tiens….le nôtres.

~ Laisser aller le rêve d'été ~

Les feuilles recouvrent maintenant le sol...
Comme une couverture qui sait et protège,
Quelque chose qui n'est plus.
Qui s'en retourne...
Quelque chose jadis vivant, vibrant!
Et pourtant, en ce moment du cycle,
Qui tourne et tourne et tourne...
Sans que l'on puisse s'y accrocher
La mort rôde...la fin...le retour à la terre.
Une fin à traverser.
Je me fais fluide...
J'offre du Sens à ce passage,
Avec force et courage
Avec foi.
Même si je te pleure belle saison d'été, beau jardin fleuri, projet de vie et d'amour
Je sais que tout est bien comme soit
À sa place.
L'éternel réside dans nos cœurs
Bien au chaud dans nos mémoires intemporelles.
Et je vais t'honorer saison de l'apogée,
En traversant le deuil que je fais.
En Présence.
Gratitude au rythme de cet automne qui m'accompagne et m'enseigne,
Ainsi qu'à ses offrandes qui prennent soin,
Celles qui m'emmitoufle de ses chaudes soirées auprès du feu,
De ses couvertures de laines douces,
De fourrures qui me bercent...
Et de peau d'âme ~
Je serai celle qui marche la nuit où le voile est translucide,
Portant le feu et l'eau qui nourrira le printemps
Car je sais...Ohh oui je sais,
Qu'il reviendra...
Et que bientôt, il sera à nouveau temps de le rêver ~~~~~*

...

Alors belle femme, que cette saison de Samhain te réconforte et te porte jusqu’au plus profond de toi-même en douceur, par ses chants qui t’appellent et te rappellent à revenir au centre, toujours…Ce lieu au coeur du coeur, où réside ce que tu as de plus précieux, cette étincelle d’âme que tu es, ce Je Suis unique. Que cet espace creux alchimique te soigne profondément et tendrement. Qu’il te permette la promesse du renouveau. Je te souhaite de laisser aller en paix ce qui n’a plus raison d’être, que ce soit du très concret ou de vieilles croyances qui ne te servent plus. Ancrée dans cet espace serein, je me souviens… que ces  »feuilles » qui nous quittent nous allègent finalement, afin de nous permettre éventuellement de nous ramifier et de grandir davantage. Je te souhaite qu’au tréfonds de ta caverne de femme s’allume la flamme renouvelée qui éclairera ta création…et la suite de ta route chère pèlerine du vivant. C’est la fin d’un cycle et bouclons-le ensemble en l’honorant comme il le mérite, de tout coeur…debout et fière comme les reines de notre  »univers »…Souveraines de nos histoires…et de nos vies ! Que la confiance inconditionnelle t’accompagne chère femme d’évolution, aujourd’hui…demain et pour toujours ~

Réflexions de Samhain ::

  • Qu’est-ce qui te quitte pour laisser éventuellement place au renouveau en ce moment de ta vie ?
  • De quelles ressources as-tu besoin pour traverser ce passage ?
  • Quelle est ta relation à la fin d’un cycle…à la mort ?

Que la chaleur de l’automne t’accompagne belle amie ~~~*

~ Julie DelaForët


Photo Botte racine et branche au bord de l’eau, autel coeur lumière, main baie de rose, ruisseau d’automne et poème :: Julie DelaForët

Peinture femme aux quenouilles :: Andrea Kowch.

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Un Commentaire

  1. Merci chère Julie pour ces réflexions riches et nourrissantes… Merci aussi pour tes images qui me plongent dans une profonde contemplation !

    Et que dire de ce magnifique poème, qui me parle tellement ! Je le lis et relis, portée par son rythme et sa justesse, par sa présence et sa vérité, sa beauté et sa bonté. C’est ton essence qui s’y révèle !

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